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Interview Anne Terlez


Anne Terlez

Anne Terlez est une femme politique normande. Adjointe au maire de Louviers, elle est Vice-Présidente de l'Agglomération Seine-Eure en charge du développement durable et Présidente de l'Agence de locale de l'énergie de l'Eure.

« Je veux m’inscrire dans une dimension « incarnée » de la transition énergétique, c’est-à-dire qui relie les enjeux du changement climatique à notre humanité. »

Que vous a inspiré l'élan international et responsable de la Cop 21 ?

La COP 21 m’inspire espérance et vigilance. La Conférence des parties a désormais 20 ans et chacun peut voir l’évolution de la communauté internationale sur les questions climatiques. Du doute voire la remise en question des enjeux à l’acceptation et la décision d’agir, il aura fallu une génération à nos gouvernants pour se saisir pleinement du sujet et se fixer des objectifs chiffrés.

Espérance donc, car l’accord est ambitieux à long terme : il a pour but de contenir le réchauffement "bien en dessous" des 2° C, de poursuivre les efforts pour ne pas dépasser les 1,5° C et traduit ce chiffre en termes opérationnels.

Ce n’est pas une simple déclaration d’intentions. J’en veux pour preuve les conséquences, déjà amorcées mais accentuées par l’Accord de Paris, dans le monde des finances.

La chute importante des titres boursiers liés aux énergies fossiles et celle du coût des énergies renouvelables signent un changement profond de notre société. C’est une bonne nouvelle pour la planète. Vigilance cependant car l’accord n’est pas contraignant pour les états, même s’il prévoit une révision régulière à la hausse des engagements pris.

Je reste néanmoins optimiste car je sais que la mise en œuvre de la transition énergétique est assurée par lasociété civile, citoyens, entreprises et collectivités locales. La transition énergétique se joue surtout à l’échelle de nos territoires. C’est la société civile qui a permis la prise de conscience des Etats sur les enjeux climatiques (et sur d’autres ;-) et c’est la société civile qui continuera d’exercer sur les gouvernants cette pression, au moins aussi efficacement que des règles contraignantes qu’on aurait de toutes les façons beaucoup de difficultés à mettre en œuvre…

Dans l'un de vos éditos de l'ALEC, vous employez les mots de "...volonté de vivre, et d’inventer", vous inscrivez vous dans une dimension philosophique de la transition énergétique ?

Je veux m’inscrire dans une dimension "incarnée" de la transition énergétique, c’est-à-dire qui relie les enjeux du changement climatique à notre humanité. La beauté de nos paysages, la biodiversité, la qualité de nos eaux, etc n’ont de valeur qu’aux yeux de l’Homme, parce qu’elles servent, nourrissent, équilibrent nos sociétés. La Terre est notre bien commun, celui qui nous fait vivre, et à ce titre, l’Homme lui doit respect et protection.​​

Quels sont les acquis de l'Agglomération Seine-Eure en faveur de la transition énergétique et avez vous des exemples concrets de collectivités à citer ?

Des projets ambitieux :

Un schéma directeur des Energies Renouvelables en cours d’élaboration nous permettra de connaître d’ici l’été les gisements potentiels de notre territoire et d’établir un programme opérationnel pour atteindre nos objectifs en matière de production d’énergies. Territoire à énergie positive ne doit pas être un vain mot.

Un groupe de travail qui réunit les entreprises de notre territoire pour développer des projets d’économie circulaire. La collectivité a embauché un agent spécialiste de ces questions pour renforcer le service développement économie. Les acteurs économiques de notre territoire sont très intéressés par cette démarche et très impliqués dans la réfléxion.

Vous vous êtes présentée sans étiquette, même si votre appartenance au MoDem est connue.

Dans l'un de vos edito, vous parlez "d'inventer de nouvelles collaborations et participations citoyennes, qu'entendez-vous par là" ?

Il me semble qu’en France, aujourd’hui , si nous vivons bien en république, nous ne sommes plus en démocratie.

Oh, bien sûr, il subsiste toujours une démocratie représentative de par les élections. Mais le fossé qui s’est creusé entre les citoyens et les élites politiques témoigne d’une crise majeure de notre démocratie.

Les affaires judiciaires politico-financières, le cumul des mandats, l’absence de renouvellement de la classe politique, etc, ont jeté, et pour cause, le discrédit sur l’action publique. Force est de constater qu’entre deux élections, il n’existe presque jamais cette possibilité de dialogue continu entre les décideurs et les citoyens, cet espace de tension nécessaire pour que la démocratie vive, pas seulement de manière représentative mais aussi de manière participative.

L’absence de cet espace, cette défiance à l’égard des élus alimente les extrêmes, renforce l’abstention et la désertion par les habitants des espaces publics.

Il est urgent de travailler à faire vivre notre démocratie, et les élus locaux ont un rôle important à jouer. Nous devons tout faire pour associer nos concitoyens à la décision publique. C’est ce que le Maire de Louviers et moi essayons de faire. Nous continuons le porte à porte, nous avons, avec radio Espace, mis en place Actu@Louviers pour répondre aux questions des lovériens, nous avons mandaté l’association BAMcollectif pour la concertation citoyenne sur le projet "cœur de ville"…

Pour rétablir cette articulation entre république et démocratie, nous agissons selon deux principes :

le principe de subsidiarité : la société civile a un rôle prépondérant à jouer. Les pouvoirs publics

ne détiennent que 50% des solutions, les citoyens les 50 autres.

le principe de co-construction : les élus n’ont pas la science infuse. Nous devons risquer nos projets

à la rencontre des habitants, prendre en considération leurs attentes et leurs remarques.

Par principe, nous considérons que ce que dit ou croit l’Autre est digne d’intérêt.

​Avez-vous des exemples à nous citer ? Des associations ou collectif citoyens à l'échelle locale, nationale ou international qui sont des exemples à suivre et qui ont marqué par leurs actions positives ?

"Les incroyables comestibles", les monnaies locales portées par des associations, les collectifs de citoyens qui décident de s’engager dans la production d’énergie renouvelable, "Habitat et Humanisme", "ATD Quart Monde",

les mouvements d’éducation populaire…​

Pourriez-vous revenir un peu sur votre parcours...

J’ai eu la chance de bénéficier d’une véritable éducation à la citoyenneté. J’ai toujours voulu participer à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. J’ai appris beaucoup grâce à l’engagement associatif, notamment au sein d’un mouvement d’éducation populaire et d’une fédération de parents d’élèves. Les responsabilités que j’y ai prises et les actions que j’ai menées m’ont permis de comprendre que l’action politique pouvait être une expression noble du service du bien commun.

J’ai adhéré à l’UDF en 1999, en grande partie parce que j’adhérais à sa charte de valeurs et que la construction européenne m’enthousiasmait. J’ai suivi François Bayrou au MoDem tout naturellement en 2007 car il a toujours défendu la moralisation de la vie politique, une certaine idée de l’Europe et la volonté pour notre famille politique

de rester indépendante. En 1999, je n’avais pour but que de participer à la réflexion, au débat et me former.

J’ai appris le militantisme de base, j’ai forgé mes opinions, j’ai parfois été dubitative, déçue ou en désaccord mais

je n’ai jamais regretté ma décision de m’encarter ni mon appartenance à cette famille.

La campagne municipale de 2014 à Louviers a été pour moi une formidable aventure humaine. L’exercice de ce premier mandat municipal et intercommunal est à la fois difficile et passionnant.

Que diriez-vous aux jeunes citoyennes qui hésitent à s'investir en tant que citoyenne ?

Aux jeunes citoyennes qui envisagent de s’engager, je voudrais dire qu’elles sont plus que les bienvenues. Se risquer à la rencontre des autres est passionnant. Donner (de son temps, de son énergie…), c’est bien souvent recevoir au centuple.

Que diriez-vous aux jeunes citoyennes qui hésitent parfois à se lancer en politique ?

A celles qui voudraient s’engager en politique plus spécifiquement, je dirais qu’il s’agit d’un engagement difficile, exigeant, que le microcosme dans lequel on doit évoluer est dur et souvent malveillant. Il n’y a, selon moi, qu’une seule bonne raison de s’engager en politique, c’est le service de l’intérêt général.

Et il y deux conditions sine qua non pour faire durer cet engagement, c’est bénéficier d’une solide formation à la relecture et au discernement et bénéficier d’un soutien (amical, familial, conjugal…).

En France, les femmes ont aussi été à l'origine de lois innovantes pour la République, pensez-vous au regard de votre propre parcours que le fait d'être une femme vous place d'emblée dans une recherche innovatrice de fait ?

Je ne sais pas… Je crois que les femmes ont une approche, une manière d’appréhender les sujets et de les traiter différentes des hommes. Elles font preuve d’opiniâtreté, de davantage d’empathie, d’agilité… Elles sont nécessaires à la vie politique et je regrette que nous ne soyons pas plus nombreuses…

Un Mot pour la fin, une citation ou quelque chose à ajouter que vous trouvez essentiel.

Une citation qui guide mon action : "La démocratie est l’organisation politique et sociale qui tend à développer au maximum la conscience et la responsabilité de chacun, dans la mesure de ses capacités et de ses forces, en lui permettant de prendre une part effective à la direction des affaires communes" Marc Sangnier



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